История о солдате, потерявшем память

Французский солдат времен Первой Мировой
Французский солдат времен Первой Мировой

Вы слушаете иностранное радио?

О своих любимых радио-программах я уже писала. Недавно к ним добавилась французская программа Les p’tits bateaux на France Inter. В студию звонят дети и задают вопросы. А ведущая перенаправляет эти вопросы разным специалистам.
И вот в начале февраля один мальчик задал вопрос про солдата, потерявшего память в войне 1914-1918 года. И история этого солдата так запала мне в душу, что я хочу её вам рассказать.

После окончания Первой Мировой войны на вокзале в городе Лионе обнаружили солдата. Какую-то часть войны он провел в плену в Германии, а вот теперь его прислали обратно на родину. При нем не было ни документов ни бумажника, и сам он тоже не мог сказать, кто он такой. Власти поместили его в психиатрическую лечебницу.
Через какое-то время решили, что, возможно, у него есть семья, и фотографию этого солдата поместили в журналах. Триста (300!) семей узнали в этом мужчине своего пропавшего сына/мужа/брата. Почему их было так много? Потому что среди 1 400 000 погибших в Первую Мировую войну, 300 000 считались без вести пропавшими. А ведь «без вести пропавший» совсем не тоже самое, что «убит». И эти матери и жены, чьи сыновья или мужья считались без вести пропавшими признали в этом солдате своего любимого. Но как такое возможно?! Все триста?!
Да, многие говорили себе «Он не очень похож, слишком худой. Но, возможно, он похудел во время войны». Или наоборот «Он не очень похож, какой-то полноватый, но, возможно, он так раздался во время войны».
И все эти семьи хотели забрать этого потерявшего память солдата с собой.
Но факты, предоставляемые этими семьями, никак не хотели сходится с тем, что было известно о солдате.
И вот ирония всей истории — неизвестный солдат жил долго, но всё в психиатрических лечебницах и умер он в 1942 году от… голода! В годы Второй Мировой подобные лечебницы не получали достаточно талонов на питание, и половина (!) больных умерла от голода.
А ведь мог жить в семье, где бы его любили и о нём заботились, но…
Какая грустная история!
Если вы знаете французский, то вы можете послушать выпуск Les p’tits bateaux за 8 февраля 2015 года, там примерно с 5 минуты 20 секунды начинается рассказ. Я записала скрипт:
(5.20) — Bonjour, je m’appelle Mark, j’ai quatorze ans et j’ai entendu dire qu’un soldat amnésique de la guerre de 14-18 a été réclamé par des centaines de familles. Est-ce que c’est vrai?
— Oui, et en l’occurence j’ai aussi écrit «Un soldat inconnu vivant» qui raconte l’histoire de ce soldat amnésique et cette histoire effectivement est vrai. On a découvert un soldat rapatrié en tant que prisonnier de l’Allemagne sur le quai de la gare de Lyon-Brotteaux. Et il n’avait pas des papiers sur lui, pas de plaque d’identité, pas de porte-feuille. On savait pas comment faire. Il n’était pas seulement amnésique c’était aussi un traumatisé, c’est-à-dire qu’il n’avait plus tout à fait sa raison. Alors on l’a mis dans un asile psychiatrique et puis à un moment donné on s’est dit il a quand même une famille. Donc on a voulu retrouver sa famille en faisant paraître sa photographie dans les journaux. Le reconnaissez-vous? Et on s’attendait à trouver sa famille évidemment mais on s’attendait pas à ce qui est arrivé. C’est-à-dire que 300 familles se sont manifestées, 300 mères, 300 épouses qui ont reconnu ce fils qui est parti à la guerre et qui n’avait plus donné de nouvelles, qui avait disparu. Parce qu’il faut bien avoir à l’esprit que sur les 1 400000 morts à la Grande Guerre il y a 300 000 disparus. Et quand vous avez un avis de disparition ça signifie pas un avis de décès. Et ces familles elles ont jamais rien su. Et donc ils arrivent pas à se résigner la mort. Et c’est une histoire terrible, une histoire de deuil impossible quand tout d’un coup on vous dit il y a un disparu qui est vivant vous dites mais c’est peut-être, c’est peut-être mon fils. Et là vous avez tous ces gens qui arrivent pas à tourner la page, qui sont travaillés par la douleur et qui se disent ‘mais il ressemble pas mais c’est peut-être lui, il est plus grand mais il a peut-être pû grandir pendant la guerre, il est plus petit, oh il a peut-être rapetissé pendant la guerre. C’est une triste histoire dont on a beaucoup parlé entre deux guerres mais évidemment avec la disparition de ceux qui ont souffert des parents, des épouses et bien cette histoire est tombée dans l’anonymat. Et voilà c’est une histoire absolument douloureuse qui a inspiré d’ailleurs des littérateurs, des dramaturges, Jacques Anouilh ‘Le voyageur sans bagage’ s’est tiré de cette histoire.
Ah ça me ::: le dos ce que vous racontez. Et c’est-à-dire que sans être indélicate quelqu’un qui est dans un hôpital psychiatrique c’est quelqu’un de quand même un peu perdu. Toutes ces familles le réclament. Vraiment que ça vient de leur coeur quoi.
Bien sûr, et il y a quelque chose d’un peu catastrophique même d’ironique dans cette histoire c’est que toute ces familles auraient voulu le choyer, le chouchouter puisqu’ils le reconnaissaient comme le fils ou le mari perdu et retrouvé. Et on a refusé de le rendre parce que à chaque fois le dossier il ne correspondait pas.
— Mais maintenant qu’il y a ADN…
— Oui oui, maintenant . On n’a pas réussi à faire l’exhumation, une petite fille voudrai faire exhumer le corps pour pouvoir savoir si c’était son grand-père ou pas. Mais on n’a pas le droit. Ce sont seulement les enfants qui ont le droit de demander une exhumation et pas les petits enfants.
— Ce soldat de l’hôpital psychiatrique, vous avez dit que finalement il n’a pas pu aller dans les familles parce que le dossier ne correspondait pas. Comment a-t-il fini sa vie?
— Malheureusement, il a fini sa vie à l’hôpital psychiatrique. Il a fini sa vie à Paris à Sainte-Anne. Il a longtemps vécu, jusqu’à 1935 à l’asile Rodez et puis il y a eu un procès pour le rendre à une famille, puisque à la fin ils y avaient deux trois familles qui s’opposaient et il y avait eu un compliment d’information etc. Mais il est mort en 1942. Et vous savez, il est mort dans quelles conditions? Il est mort de faim, comme la moitié des aliénés des asiles de France puisqu’ils ne recevaient pas assez de tickets d’alimentation. Donc si vous n’aviez pas de famille pour venir vous apporter à manger et bien vous creviez de faim. Y avaient 100 000 aliénés internés dans les asiles entre 1940 et 1944. La moitié sont morts de faim.
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